Alexandra a deux vies, l’une dans un métavers, l’autre dans le monde réel, elle risque bien de perdre les deux. La quête d’une clé d’immortalité pourrait être fatale…
Monde Réel
Je me suis baladée avenue des Arts, petit arrêt chez Filigranes, avant de jeter un œil vers l’ambassade Américaine. Ca grouille de flics et les barrières Nadar sont prêtes. Arrivée en fanfare de “cheveux carotte connard” oblige, j’ai nommé Trump.
J’entre dans la librairie à la suite d’un mec en costard Armani noir, façon « Pulp Fiction » , il s’est directement dirigé vers le petit tea-room, je cherchais d’autres livres de Nick Tosches, suis descendue dans la petite cave des polars, mes pas me conduisant naturellement vers mon égérie, sans que j’y prenne garde. En face à face avec mon auteur chéri Colin Wilson, lui et ses étranges serial-killers, l’opus est titré «L’assassin aux deux visages », quatrième de couverture : « …Un roman policier au suspense soutenu qui effectue une passionnante plongée dans les abîmes de l’inconscient humain… » cher Colin, je ne m’attendais pas à autre chose, rictus. Mots clés déclenchant l’achat « abîmes de l’inconscient ». Je me retourne et je me cogne dans ce grand mec tout en noir, je ne l’avais même pas entendu venir… Je lâche le livre, on se baisse tous les deux, on se cogne la tête, bref le scénario con. Il s’excuse, tout en gardant le livre en main – Vous connaissez Wilson ?
– oui, je connais…
– Vous avez lu « L’Occulte » ?
Je m’impatiente, bon ! il va me le donner maintenant « mon » livre, surtout qu’on est seuls dans cette cave.
– Oui, j’ai lu l’Occulte, c’est même ce qui m’a poussé à en lire d’autres… Il me sourit et tend le livre : une bonne après-midi à vous !
Je remonte les escaliers quatre à quatre, je paie, je me barre, ce type avait quelque chose d’inquiétant et de fascinant dans le regard, une indéfinissable curiosité dont je ne pourrais dire si elle est légitime ou malsaine.
Second Life
Le curseur clignote, comme un défi, j’ai les doigts sur le clavier mais rien ne vient. Je dois terminer cet article pour aujourd’hui, mission impossible avec un esprit vidé de sa substance.
Hypnotisée par l’appel à écrire, tétanisée, avalée par l’écran dont l’espace me fait peur. Sujet de l’article, l’ADN « poubelle », en anglais Junk DNA.
5 % sont connus, les 95% autres ne sont apparemment, que des artefacts.
Mémoire atavique ? Mémoire collective ? Informations ? et si oui, quelles informations et à quoi peuvent-elles servir ? Notre histoire physique, biologique, mais aussi spirituelle. Pas de barrières entre le corps et l’esprit ?
Revenir au basique, qui, quoi, comment, pourquoi et où ?
Procrastination, la glu qui me tue à petits feux, qui m’enchaîne à la professionnalisation de la glandouille avec mention extra. Je peux écrire une thèse, faire un doctorat sur le fait de s’autosaboter comme je le fais.
Ma pensée vagabonde encore sur SL, sur le fait que les rencontres soient presque toutes biaisées. Etrangement, le fait d’être caché derrière un avatar, rend les gens plus hardis, plus téméraires, plus vulgaires aussi. Certains n’hésitent pas à faire des allusions sexuelles d’entrée de jeu, ça me fatigue. Vous me direz, oui mais tout est fait pour. Des avatars extrêmement beaux, sexy, attirants… j’expérimente paradoxalement, le fait d’être trop belle, à première vue, c’est extraordinaire, j’ai le choix parmi les prétendants, mais d’autre part, je n’ai jamais expérimenté une telle superficialité, celle de n’attirer que les sens et non l’esprit. Dans la réalité on rêve d’être irrésistibles, mais en fait, c’est très lassant. Un miroir déformant.
Une fois de plus, les plus simples ne s’attardent que sur l’enveloppe, ne creusent pas plus, loin, manquent de curiosité, faim directe à assouvir dans l’instant, gratification instantanée. Beaucoup ne sont là que pour le cul, sans se rendre compte que sur SL, il n’y a que des âmes qui se rencontrent. Un vivier gigantesque à explorer, c’est de la conscience pure, une soupe virtuelle qui feraient passer les licornes pour des lanternes.
Second Life (SL)
Est un métavers (ou univers virtuel) en 3D sorti en 2003 et gratuit. Ce logiciel permet à ses utilisateurs d’incarner des personnages virtuels dans un monde créé par les résidents eux-mêmes. Les utilisateurs peuvent concevoir le contenu du jeu : vêtements, bâtiments, objets, animations et sons, etc., ainsi qu’acquérir des parcelles de terrain dont ils obtiennent la jouissance en utilisant une monnaie virtuelle auprès de Linden Lab, la société qui édite le programme informatique open-source.
Celle-ci gère la connexion et le rendu graphique de l’univers virtuel, et assure la maintenance du matériel requis pour l’hébergement des données.
Ayant connu une grande médiatisation en 2003-2007 (d’où l’investissement de divers acteurs commerciaux et institutionnels pour y être représentés), l’univers connaît un franc déclin à partir de début septembre 2007, à la fois à cause de la crise des subprimes, qui affecte aussi les banques de Second Life, et du fait que la plupart des investisseurs et clients ont déserté un espace virtuel (offre en ligne) considéré comme trop complexe et redondant. Cependant, l’univers est pérenne, le nombre de connexions quotidiennes étant de l’ordre de 60 000 depuis le 1er janvier 2012. (Wikipedia)