Étiquette : metaaverse

Naissance

Je n’ai jamais essayé de fumer du crack, ni de me shooter à l’héro, mais les premiers pas sur Second Life, sont comparables à ce que l’on doit ressentir la première fois qu’on essaie un rail de coke sur le capot d’une bagnole ou un premier shoot d’héro, oui je pense à Beigbeder. Aussi vertigineux que la découverte de la physique quantique. Intrication, délocalisation, effondrement de la fonction d’ondes. Et si on pouvait reconstruire la fonction d’ondes?

Addiction totale! Bon, clair que j’y étais prédestinée. 

Camilla Vericondi, mon héroïne de roman est devenue Kamilla Vayandar, l’avatar. Une personne née le le 6 octobre 2008 vers 23h00, une Balance ascendant Cancer, bonne combinaison. Kamilla est beaucoup plus nuancée que moi, plus fine, moins guerrière. Maintenant, le tout est de savoir comment vont cohabiter ces deux femmes si différentes et si semblables à la fois. L’une influencera l’autre…L’une vivra des aventures, assemblant des bouts de miroirs épars.

Elle se réveille, la tête dans le brouillard, sait elle encore quel jour on est? Allumage de l’ordi et plongeon dans sa vie virtuelle, celle où elle ressemble à une bomba sexy et classy à la fois. 

Elle pense, de l’émotion, de l’émotion, c’est ça qui est important non? Tous les maîtres scriptor le disent, sans émotion, pas d’accroche, pas de lien avec ce lecteur qu’il faut séduire à tout prix. La séduction, elle connaît, une pratique naturelle chez elle. Signe d’abandon à la petite enfance pense-t-elle, besoin égotique et névrotique d’être vue, tout le temps, tout le temps, sinon elle meurt, elle cesse d’exister, comme cet objet quantique qu’on ne regarde pas, délaissé, humilié, ni vivant, ni mort. Le chat!

Alors, elle retrouve l’amant, elle danse, elle parle, de tout, de rien, et lui, il est comme le loup face à l’agneau, il se pourlèche les babines en prévision d’une séance sexe qui ne saurait tarder. Seulement voilà, elle n’est pas d’humeur, l’esprit toujours embrumé par des rêves de midinette. Regarde moi, vois moi maintenant. Ce “voyez moi maintenant”, celui de Vlad quand il désire Mina, lorsqu’affamé il pose un regard sur elle, amour éperdu, perdu dans le temps, jamais il ne pensait la revoir. Et pourtant la voilà, à la fois fragile et forte. Elle sait ce qu’elle veut et ce prince l’intrigue. La bête a disparu pour laisser place à cet homme magnifique qui la dévore déjà. Elle pose un masque sur son visage, mais pour qui me prenez-vous monsieur. Elle fait mine de s’enfuir, tout en espérant qu’il la suive. Il fait mieux. Il disparaît pour mieux réapparaître devant elle. Il lui prend la main et dit : “Permettez-moi de me présenter, Prince Vlad De Sequai, votre serviteur :). Elle cède, hypnotisée, déjà dans la passion.

C’est le rêve qui la hante depuis la nuit des temps, à travers toutes ses vies, elle a cherché l’autre pièce de son chaotique puzzle. Là, dans le virtuel, elle a des chances de le revoir et de revivre le rêve de l’embrasement soudain, total , complet. Même si elle quitte cette réalité fabriquée, son esprit reste là, elle anticipe déjà son prochain retour. Quelle robe, quels bijoux, quesl yeux vais-je choisir? Qu’il tombe en extase, pâmoison qu’elle pense mortel. 

Plonger dans les mots encore et encore, refuge, libération, elle décolle et se lance, ailes déployées, mordorées, un éclat de soleil sur les plumes noires, le cœur solidement accroché à ses rêves.

Retour vers l’écran du réel, elle ouvre Spotify, allume une cigarette, ajoute le son, choisi Hans Zimmer, du velours pour ses oreilles. Le cappuccino dégringole lentement, le long de sa gorge et elle repart de plus belle. La vie c’est du cinéma, elle veut que sa vie soit un film perpétuel dans lequel, bien évidemment elle est la star. Évoluant au gré des notes, elle voit ces chevaliers de Sangreal, chevauchant des montures puissantes, stratégiquement ordonnés, galop séculaire. La charge finale, panache irrémédiable, c’est la mort qui les attend. 

A chaque fois, elle est obligée de ramener ses pensées vers l’écran pour exister, oubliant que l’autre, dans ce monde ci, le soi-disant réel, tombe en lambeaux.