Raconter sans blesser : peut-on tout dire dans une biographie ?

Raconter sans blesser : peut-on tout dire dans une biographie ?

Il y a une question qui revient sans cesse chez mes clients. Une inquiétude qui surgit dès les premières lignes, parfois même avant d’écrire quoi que ce soit. Elle prend la forme d’un soupir, d’un froncement de sourcils, ou d’un silence embarrassé.

« Et si je blessais quelqu’un ? Et si l’un de mes proches se reconnaissait et se sentait exposé, jugé, trahi ? »

Cette peur est naturelle. Elle est même saine. Elle prouve que vous écrivez avec conscience. Que vous ne cherchez pas à régler des comptes, mais à transmettre une histoire. Votre histoire.

Et pourtant, cette peur peut devenir un obstacle. Elle peut figer la plume, vous faire douter de chaque mot, vous pousser à censurer des pans entiers de votre vécu. Alors, comment avancer sans trahir ? Peut-on tout dire dans une biographie ? La réponse est oui. Mais pas n’importe comment.

1. Vous avez le droit de raconter votre version

Une biographie, ce n’est pas un procès. Ce n’est pas non plus un journal intime jeté à la figure du monde. C’est un récit de vie. Le vôtre. Et votre regard, vos émotions, vos interprétations ont toute leur légitimité. Ce que vous racontez, c’est votre point de vue. Et comme l’a si bien dit Korzybski : « La carte n’est pas le territoire. » Ce que vous dites est vrai pour vous, à un moment donné. Et cela suffit pour mériter d’être entendu.

Écrire, ce n’est pas imposer une vérité universelle. C’est offrir une voix à une expérience singulière.

2. Changer les noms : un geste simple et puissant

C’est la solution la plus utilisée, et la plus efficace : modifier les prénoms, les initiales, les lieux, les liens de parenté. Parfois, un simple détail modifié suffit à protéger une personne tout en conservant la justesse de l’émotion vécue. C’est un geste de prudence, mais aussi de respect. Il ne s’agit pas de travestir la vérité, mais de l’exprimer sans nuire.

Dans certains cas, il est même possible d’inverser les rôles, de diluer plusieurs personnages en un seul, ou de faire disparaître complètement une figure secondaire si sa présence ne sert pas le récit. C’est votre livre. Vous avez le droit d’en maîtriser les contours.

3. Parler en « je » et non en « tu »

Une des clefs de la bienveillance narrative, c’est de rester centré sur vous-même. D’écrire à partir de votre ressenti, et non en analysant ou accusant l’autre. Dire : « Je me suis senti trahi » est très différent de : « Il m’a trahi ». Le premier invite à la compréhension, le second à la confrontation.

En vous plaçant du côté de vos émotions, vous rendez votre récit plus universel, plus touchant, plus humain. Vous donnez à lire une trajectoire, pas un règlement de comptes. Et paradoxalement, c’est souvent ce choix qui rend les lecteurs les plus indulgents… même ceux qui se reconnaissent entre les lignes.

4. Ajouter une note en préambule

Parfois, une simple phrase en introduction suffit à poser le cadre, à prévenir sans accuser. C’est une pratique que j’encourage souvent. Elle peut ressembler à ceci :

« Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat. Ce récit reflète ma mémoire et mon vécu. Il ne prétend pas restituer une vérité objective, mais témoigner d’une expérience personnelle. »

Ce genre de note permet de désamorcer bien des réactions émotionnelles. Elle montre que vous écrivez avec intégrité, mais sans agressivité. Elle rappelle que toute autobiographie est un prisme, une reconstruction, une mise en forme.

5. Transformer le récit : vers la fiction inspirée de faits réels

Et si vraiment la peur d’exposer est trop forte, il existe une alternative merveilleuse : la fiction. Transformer votre biographie en roman inspiré de votre vie. Garder les grandes lignes, les émotions, les lieux, mais en les habillant de fiction, de personnages inventés, de situations imaginées.

Ce genre hybride — entre autofiction et roman autobiographique — permet une liberté narrative totale. Vous pouvez aller plus loin, être plus poétique, plus dur, plus doux. Et surtout : vous vous libérez du regard des autres, tout en préservant l’essence de ce que vous vouliez dire.

6. Une histoire qui vous appartient… et que vous pouvez choisir de partager

Personne ne peut vous obliger à dire ou taire quelque chose. Vous êtes libre de choisir ce que vous écrivez. Mais n’oubliez pas : ce que vous taisez aujourd’hui par peur, vous le porterez encore demain. Écrire, c’est aussi se délivrer.

Et parfois, une phrase difficile à écrire devient la clé d’une paix intérieure inattendue.

En tant que coach littéraire, je suis là pour vous aider à faire ces choix. À trouver la justesse, à alléger vos inquiétudes, à structurer un récit fidèle, fort, mais respectueux.

On peut tout dire. Mais on peut surtout bien le dire.

7. Le plus important : écrire avec justesse et intention

Vous n’écrivez pas pour régler des comptes, ni pour blesser. Vous écrivez pour transmettre, pour comprendre, pour mettre de l’ordre dans le chaos des souvenirs. Vous écrivez pour laisser une trace, pour ceux qui viendront après vous, pour ceux que vous aimez. Et ça change tout.

Alors ne laissez pas la peur vous faire taire. Laissez-la vous guider vers plus de finesse, de lucidité, de conscience.

Votre histoire mérite d’être racontée. Et il existe mille façons de le faire, sans heurter personne. Je suis là pour vous aider à les trouver.

– Marina Bergamelli Plume littéraire & coach 

Marina

Je m’appelle Marina Bergamelli. J’ai toujours écrit. Par besoin, par survie, par lucidité. J’ai aimé trop fort, douté trop longtemps, compris un peu tard — mais écrit, toujours. Après des années à me débattre entre les mots et la vie, j’ai décidé d’en faire un métier. Aujourd’hui, j’accompagne celles et ceux qui veulent écrire la leur — histoire, roman, biographie. Parce qu’écrire, c’est reprendre la main. Parce que chaque récit mérite d’exister. Et parce que je sais ce que c’est que de chercher ses mots dans le noir.

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